Microanalyse / Résidus de tir - Fibres - Cosmétiques

Les résidus de tir sont des résidus d'amorce, de poudre, de fumée, de particules de graisse ou de lubrifiant ainsi que des résidus métalliques provenant du projectile, de la douille et/ou de l'arme. Les résidus de tir (qui peuvent être constitués de particules brûlées, partiellement brûlées et/ou de particules non brûlées) se forment au moment du départ du coup de feu et se déposent sur les mains, le visage, les cheveux du tireur ou dans son environnement (A. Gallusser, Traces d'armes à feu - Expertise des armes et des éléments de munitions dans l'investigation criminelle).

La recherche de résidus de tir se concentre sur l'analyse des débris provenant de projectiles, d'étuis et d'armes à feu, ainsi que sur les particules résultant de la combustion des amorces (analyse des composants inorganiques). Ces particules sont souvent des particules sphéroïdales dont le diamètre est compris entre 0,5 µm et 5,0 µm mais peuvent avoir une forme irrégulière ou varier en taille de 0,5 µm à 100 µm. En général, la morphologie cristalline des particules n'est pas cohérente avec les mécanismes de formation des résidus de tir. Cependant, de telles particules ont pu être occasionnellement observées dans des résidus de tir. Il existe deux types de munitions avec des amorces de composition différente : celles contenant des métaux lourds (telles que SINOXID®, composées de styphnate de plomb, sulfure d’antimoine et nitrate de baryum) et celles sans métaux lourds (telles que SINTOX®, NONTOX ou Leadfree, etc.).

Selon la norme en vigueur ASTM E1588-20, ces particules peuvent être regroupées en trois catégories selon leur composition chimique et la vraissemblance d'être issues d'un tir d'arme à feu :

Pour les munitions avec métaux lourds
- Les particules qui contiennent du plomb (Pb), de l’antimoine (Sb) et du baryum (Ba) sont considérées comme caractéristiques d'un tir d'arme à feu et proviennent rarement d'autres sources qu'un tir d'arme à feu.

- Les particules qui contiennent l'une des associations suivantes sont considérées comme pouvant résulter d'un tir d'arme à feu :
• Plomb (Pb), Baryum (Ba), Calcium (Ca), Silicium (Si) ;
• Baryum (Ba), du Calcium (Ca) et du Silicium (Si) ;
• Antimoine (Sb), Baryum (Ba) ;
• Plomb (Pb), Antimoine (Sb) ;
• Baryum (Ba), Aluminium (Al) ;
• Plomb (Pb), Baryum (Ba).

Les particules pouvant résulter d'un tir d'arme à feu sont généralement la conséquence d'un tir d'arme à feu mais il est important de souligner qu'elles peuvent aussi provenir d'autres activités, comme l'usage de dispositifs pyrotechniques, d'outils industriels à cartouche, ou encore des opérations de réparation automobile, etc.

- Les particules qui contiennent l'un des éléments suivants sont considérés comme étant communément associées à un tir d'arme à feu :
• Plomb (Pb) ;
• Antimoine (Sb) ;
• Baryum (Ba).

Les particules communément associées à un tir d'arme à feu peuvent aussi provenir de nombreuses autres sources. Lorsque des particules communément associées à un tir d'arme à feu sont présentes avec des particules caractéristiques d'un tir d'arme à feu et/ou pouvant résulter d'un tir d'arme à feu, elles peuvent être utilisées pour confirmer la présence de résidus de tir. Cependant, leur seule présence ne permet pas de les associer avec certitude à un tir d'arme à feu.

Pour les munitions sans métaux lourds
- Les particules contenant l'une des associations suivantes sont considérées comme caractéristiques d'un tir d'arme à feu :
• Gadolinium (Gd), Titane (Ti), Zinc (Zn) ;
• Gallium (Ga), Cuivre (Cu), Étain (Sn).

- Les particules contenant l'une des associations suivantes sont considérées comme pouvant résulter d'un tir d'arme à feu :
• Titane (Ti), Zinc (Zn) ;
• Strontium (Sr).

Ces particules peuvent également contenir un ou plusieurs éléments chimiques tels que : l'Aluminium (Al), le Silicium (Si), le Phosphore (P), le Soufre (S), le Chlore (Cl), le Potassium (K), le Calcium (Ca), le Fer (Fe), le Nickel (Ni), le Cuivre (Cu), le Zinc (Zn), le Zirconium (Zr) et l'Étain (Sn).

Les agents préleveurs utilisent des tamponnoirs (petits plots métalliques recouverts d'un adhésif en carbone double face) pour collecter les particules sur les surfaces d'intérêt telles que le visage, les mains, les vêtements, etc. Au laboratoire, nous utilisons un microscope électronique à balayage équipé d'un micro-analyseur X (MEB-EDX) pour examiner les particules de résidus de tir.

Pour aller plus loin

Un examen de résidus de tir ne se limite pas à la recherche de ces particules sur les tamponnoirs utilisés pour les prélèvements. Lors de l’interprétation des résultats analytiques, il est essentiel de considérer les mécanismes de transferts des résidus de tir, leur persistance sur les surfaces contaminées et leur prévalence dans différentes populations d’intérêt.

●️ Le transfert primaire se réfère au dépôt initial de résidus de tir sur une surface spécifique directement après un tir d’arme à feu. Cela se produit lorsque les particules résultant de la décharge de l’arme sont déposées sur des surfaces à proximité immédiate de la source du tir, comme le tireur lui-même, l’arme, les zones touchées par le projectile, etc. Le transfert secondaire fait référence au dépôt ultérieur de ces particules depuis une surface initiale contaminée vers une autre surface qui n’était pas directement impliquée dans la décharge de l’arme à feu. Prenons l’exemple d’un tireur qui, après avoir utilisé une arme à feu, a des particules de résidus de tir sur ses mains. Ensuite, ce tireur serre la main d’une autre personne qui n’était pas présente lors du tir. Les particules peuvent alors se transférer de la main du tireur à la main de l’autre personne.

● La persistance des résidus de tir se réfère à la durée pendant laquelle ces particules restent présentes sur une surface contaminée après la décharge d’une arme à feu. Cette persistance est influencée par divers facteurs tels que la nature de la surface sur laquelle les particules se sont déposées, les actions entreprises sur cette surface après la décharge (comme le lavage des mains), ainsi que les conditions atmosphériques et environnementales. Plus l’intervalle de temps entre le tir initial et les prélèvements s’allonge, plus les particules de résidus de tir ont tendance à se dissiper de la surface en raison d’interactions physiques.

● La prévalence des résidus de tir (ou bruit de fond) dans différentes populations d’intérêt désigne la fréquence à laquelle ces particules sont présentes chez les individus de cette population. Cela permet d’évaluer notamment la probabilité que des résidus de tir soient retrouvés sur une personne qui n'a pas été impliquée dans un tir d’arme à feu et contribue à déterminer la pertinence des résidus de tir en tant que trace, en se basant sur le contexte de l’affaire et des déclarations fournies par l’individu prélevé.

L’existence de sources alternatives générant des particules pouvant être confondues avec des résidus de tir (plaquettes de freins, air-bag, etc.) constitue également un facteur essentiel à prendre en compte lors des examens.

Afin de considérer tous ces facteurs lors de l’interprétation, il est indispensable que le praticien soit informé de certains détails de l’affaire et qu’il s’appuie sur des données récentes de la littérature scientifique.

Fibres textiles. De nombreux objets du quotidien comme les vêtements, les tapis ou les cordes sont constitués d'une multitude de fibres textiles colorés ou non de quelques micromètres d'épaisseur. Il existe une très grande diversité de fibres qui peuvent être naturelles (coton, laine, etc.) ou chimiques (acrylique, viscose, etc.). Dans de nombreuses situations, ces fibres peuvent se décrocher de l'objet initial et se déposer sur une autre surface. Le passager d'un véhicule laissera, par exemple, sur son siège des cheveux et fibres appartenant à ses vêtements. Dans le cadre d'une enquête criminelle, l'examen de ces fibres textiles permet d'apporter de nouveaux éléments aux enquêteurs. Ces fibres peuvent provenir des vêtements d'une victime ou ceux d'un agresseur, d'un lieux, etc. Elles peuvent être échangées entre deux individus ou objets, ou entre un individu et un objet. La comparaison de fibres textiles prélevées sur une victime de viol et celles récupérées sur le pull d'un suspect pourrait permettre, par exemple, de prouver qu'il y a eu un contact entre celui-ci et la victime.

Au laboratoire, nous disposons d'une fibrothèque et de diverses techniques analytiques permettant d'identifier ou de comparer les fibres textiles prélevées par les enquêteurs.